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Talent pour une distance spécifique

La capacité innée à voler des distances précises est étroitement liée à la qualité des muscles. Lorsque l'on évalue les qualités d'un pigeon, les muscles vont nous indiquer clairement combien de kilomètres un pigeon peut voler avec facilité. Ce que je veux dire, c'est que si la qualité des muscles de la poitrine d'un pigeon n'est pas optimale alors celui-ci sera limité en réalité. Souvent limité à des vols au-dessous de la barre des 400 km. Autrement dit les vols avec une seule nuit dans le panier. Si les pigeons de ce type ont dû passer deux nuits dans le panier et , qui plus est, doivent voler 500 km, alors ils rentrent chez eux totalement usés. Physiquement, ils ne peuvent pas gérer à la fois le séjour dans le panier et la distance.

La qualité des muscles détermine aussi l'endurance de l'oiseau. Nous devons pratiquer le jugement de la qualité des muscles jusqu'à ce que nous attrapions des crampes dans les doigts. Pour évaluer la qualité du muscle, nous devons apprendre à mieux utiliser nos doigts. Nous devons apprendre à distinguer les plus petites nuances de la qualité musculaire, apprendre comment sentir les capacités du pigeon, la distance qu'il est capable de voler avec succès. Certains amateurs surestiment énormément le potentiel de leurs pigeons. Quand la course devient trop difficile, cela peut vous coûter un colombier plein de bons pigeons. Toutefois lorsque l'on estime la distance qu'un oiseau peut voler, nous avons à juger de la valeur d'autres caractéristiques importantes et les relier à la qualité des muscles.

Je vais vous donner un exemple.
Un pigeon avec une qualité musculaire modeste pourra voler 300 km. Un autre avec une qualité de muscle un peu meilleure: 400 km, et un autre avec une extraordinaire qualité de muscle: 500 km. Si cela est accompagné d'un bon squelette alors on peut essayer: 600 km. Un pigeon ayant un excellent esprit combatif et de la pugnacité vous pouvez ajouter environ 100 autres kilomètres. Il s'agit donc d'apprendre à juger les capacités potentielles du pigeon. Plus les qualités requises d'un pigeon sont importantes, plus ce même le pigeon est apte à voler des kilomètres supplémentaires. L'inverse est également vrai. Si nous n'évaluons pas les capacités du pigeon correctement et l'envoyons sur des distances pour lesquelles il n'est pas adapté l'effort supplémentaire requis mènera à l'usure précoce et brisera les oiseaux. L'éleveur doit également prendre en considération les facteurs externes. Parfois, un vol de 450 km avec un vent de face peut être plus difficile pour un pigeon qu' un vol de 600 km avec un vent arrière. Lorsque vous préparez vos pigeons pour une course de 350 km, alors vos méthodes d'alimentation doivent tenir compte du fait que la course sera par vent arrière ou par vent de face. Cela fait une différence considérable.


Les muscles des pigeons de fond sont en général plus souples et plus élastiques que ceux des pigeons all-round. Il s'agit d'une caractéristique avec laquelle ils sont nés et avoir ce type de musculature augmente considérablement la capacité à rester en l'air pendant une longue période. Un pigeon est né avec un type spécifique de muscle, il l'a ou il ne l'a pas. L'alimentation et l'entrainement contribuent au développement du muscle (le nombre total des fibres musculaires n'augmente pas mais elles peuvent augmenter en volume), mais le matériel génétique introduit par les deux parents détermine si oui ou non un pigeon a un certain type de musculature. Vous ne pourrez pas faire un pigeon de longues distances avec un pigeon de demi-fond en lui faisant subir un certain type d'entrainement, d'alimentation ou de préparation. L'inverse est également vrai, naturellement, en dehors de quelques exceptions. Lorsque les amateurs engagent leurs favoris dans des expositions ils les nourrissent avec des suppléments de petites graines. Le muscle supplémentaire qui en résulte n'est pas du muscle, mais de la graisse. Vous ne pouvez pas apporter des muscles supplémentaires chez un pigeon; ils doivent être apportés par l'élevage , en accouplant judicieusement, et par les méthodes de sélection. Le type du  « pigeon long » semble souvent avoir moins de muscles qu'un pigeon avec un bréchet plus court. Dès qu'il y a moins de points d'attache pour les muscles, alors le pigeon semble être souvent mieux musclé que les autres. En fait les deux types de pigeons ont la même quantité de muscle. Naturellement, la même chose est vraie pour un pigeon qui a le bréchet un peu descendu.

En pratique, un pigeon peut avoir la plus fantastique musculature, mais si l'insertion musculaire n'est pas 100% en ordre, alors il ne sera pas parmi ceux qui volent sans cesse le haut de la liste des prix. Les muscles de la poitrine d'un pigeon sont attachés au sternum. Toute personne qui a étudié une carcasse de pigeon sait que le muscle de la poitrine est composé de deux parties. La partie externe est la partie que nous sentons avec nos doigts. C'est le muscle pectoral superficiel de la poitrine. Le petit muscle pectoral profond se trouve sous le pectoral superficiel. Un pigeon peut voler parce que le muscle pectoral profond tire les ailes et après que le muscle pectoral superficiel abaisse immédiatement l'aile vers le bas.


Le pectoral profond étend les ailes dans un tempo défini et le muscle pectoral superficiel rabaisse les ailes sur le même rythme vers le corps du pigeon. Il va de soi que la deuxième partie de la course vers le bas nécessite plus de force que la première partie du mouvement qui se fait vers le haut. Des études ont montré que le pigeon a un battement d'aile de 300 par minute en moyenne. Pour voler sur une distance de 600 km à une vitesse moyenne de 1000 mètres par minute, le pigeon a à soulever et abaisser ses ailes 180.000 fois. Ces chiffres énormes montrent l'importance de la qualité des muscles.

Comment fonctionnent les muscles? Pendant qu'un muscle travaille (le muscle pectoral profond lors de la remontée de l'aile), l'autre est au repos (le pectoral superficiel). Pendant cette courte période de repos le muscle est approvisionné, par le flux sanguin, de l'oxygène dont il a besoin pour brûler son carburant.

La première forme de combustible utilisée pour fournir de l'énergie est le glycogène. Après avoir volé pendant un court moment les muscles basculent vers la combustion des matières grasses qu'ils ont emmagasinés en eux comme source de carburant. Lorsque toutes les graisses ont été utilisées lors d'une course difficile , en dernier recours les propres cellules de l'organisme sont utilisées pour alimenter les derniers kilomètres vers le colombier. Le résultat est un pigeon qui rentre à la maison avec seulement ses os et ses plumes; le reste est resté sur le trajet du retour en tentant de regagner le colombier après une dure et longue journée.

 

Il est d'une grande importance de faire constamment attention à la qualité des muscles lors de la sélection de nos pigeons. Il devrait être évident pour tous que pour qu'un pigeon puisse bien se comporter en concours il lui faut des muscles souples et élastiques et certainement pas raides et durs. Quelle est la différence? Les muscles souples et élastiques ont une grande quantité de capillaires sanguins. Cela permet au sang de circuler librement vers toutes les fibres musculaires. Cela garantit que toutes les cellules dans les fibres musculaires sont assurées d'un bon approvisionnement en combustible. La possibilité de stocker le carburant est bien meilleure, ainsi que la capacité d'utiliser ce carburant.

Comme je l'ai écrit plus tôt, pour qu'un pigeon puisse voler il est nécessaire d'avoir une étroite coopération des deux groupes musculaires. Constamment un des deux groupes est au travail, tandis que l'autre se repose. Plus longtemps et efficacement le premier groupe peut faire son travail, plus longtemps et efficacement l'autre groupe peut se reposer. Cela permet d'économiser de l'énergie et à cette économie d'énergie s'ajoute également une augmentation de la résistance des oiseaux précisément en raison de la meilleure qualité musculaire. Lorsque vous achetez des pigeons il faut  vous assurer, qu'au minimum, ils ont des qualités musculaires égales aux vôtres et, si possible, avoir des muscles meilleurs que les vôtres. Cela vous garantit que la qualité demeurera au moins la même ou augmentera un peu, parce que l'hérédité des muscles est intermédiaire et les jeunes héritent de la qualité moyenne des muscles de leurs parents.

Depuis 25 ans j'ai toujours possédé la vieille lignée des pigeons De Smet-Matthijs. Ceux ci étaient  à ' l'ancienne mode ', si on les compare aux exigences modernes de notre sport colombophile. A cette époque ils étaient les meilleurs, ils étaient gros, osseux, avec de larges têtes de taureau, ils étaient légers et donnaient l'impression qu'ils n'avaient pas de muscles du tout et ils avaient également un aspect très aristocratique. C'était des voyageurs très fiables et leur meilleure distance se situait entre 500 et 800 km, très bons sur les concours de longue distance. Ils possédaient des yeux profonds d'une merveilleuse couleur grise, un plumage brillant doux et soyeux et leur comportement dans le colombier montrait un degré élevé d'intelligence. Chaque jour que je passais dans mon colombier au milieu d'eux était un pur plaisir.

Je les aimai et appréciai si fort que je n'étais pas intéressé par les autres pigeons. J'étais vraiment  amoureux d'eux. Si un autre colombier n'avait pas de pigeons De Smet-Mathijs alors je ne m'intéressai même pas à faire un détour. Les Janssen, Les Tournier ou les Delbar, j'avais entendu parler d'eux, mais je n'avais aucune idée de ce à quoi ils ressemblaient. Cela a changé quand en 1976 je suis devenu membre du "PV De Eendracht» un club de Hilversum, où presque tout le monde jouait avec les pigeons Janssen.

Cette première année, je l'ai passé à construire et remplir mes nouveaux colombiers. En tant que nouvel arrivant je reçu des invitations du style: "Si tu t'ennuies le samedi n'ai pas peur de venir observer les pigeons tomber chez moi". C'est ainsi que j'ai fini par entrer en relation avec le désormais défunt Jan van Erp, qui était comme un fils chez les Hommes d'Arendonk. Il fit des croisements entre ses pigeons et ceux, de la même origine, des autres colombophiles de son propre club. Ils connaissaient tous les meilleurs pigeons des uns et des autres et cela l'amena à obtenir tout d'abord  «De 583 », de Karel Schlotter, qui est devenu l'un des pigeons fondateur de Jan.

Plus tard, il a acquis des jeunes hors des directs Janssen qui appartenaient au tandem Krouwel. Ils constituaient un groupe très uniforme de pigeons qui m'a immédiatement fortement impressionné: ils étaient courts et compacts, possédaient de petites têtes, et avaient des yeux qui étaient fortement pigmentés ainsi que des muscles que je n'avais jamais ressenti jusque-là. En premier j'ai acheté un pigeon de Jan: "De 08 Duif» et ce pigeon fut à l'origine d'un changement radical dans mon colombier. Tout a changé en une fois.

Un tout nouveau type de pigeon a été développé et j'ai eu du mal pour apprendre à les gérer correctement. La force et la puissance, l'intelligence et le caractère, ainsi que la super musculature, tout cela créa ainsi une nouvelle sorte de pigeon qu'il fallut apprendre à gérer. Ils sont devenus des pigeons toutes distances. De purs pigeons de prix de tête de 100 à 750 km et tout cela a été rendu possible uniquement et seulement par la qualité des muscles que cette fameuse "08 Duif" apporta avec elle. Son volume musculaire était énorme, et ce n'était pas seulement la quantité mais aussi la qualité. Si vous jouiez avec ses muscles du bout de vos doigts et qu'à un moment vous cessiez le jeu, alors vous pouviez sentir ses muscles puissants se remettre en place, juste comme ça. Ceci est l'élasticité.


Ils n'étaient pas mous sans résistance. "De 08 Duif" était une femelle d'exception. Elle était vraiment exceptionnelle, et  après croisement avec mes pigeons Desmet Matthijs, j'ai obtenu un nouveau matériel avec des muscles qui dépassaient de loin ceux de la souche ancienne. J'ai aussi eu la chance que ces muscles, au cours des années, se sont révélés très dominant dans l'hérédité. Même chez les  Desmet-Matthijs que j'avais élevé en lignée. J'ai ainsi eu toute la chance du monde. Mais cela m'appris également quelque chose. Lorsque j'achète un pigeon je fais maintenant très attention à leurs muscles pour me prémunir d'un retour en arrière.

Naturellement, vous êtes curieux de savoir comment évaluer la qualité des muscles. Ne pensez pas que vous pouvez apprendre cela en seulement quelques jours. Il n'y a aucun art qui peut être appris rapidement. Tout ce que requiert une certaine pratique, en particulier les points délicats, est un véritable art!

Lorsque vous prenez un pigeon dans vos mains alors vous devez lui donner l'impression qu'il est en sécurité. Il doit savoir qu'il n'a aucun danger de subir un préjudice. Il doit se sentir en sécurité pour se détendre et lui permettre d'être correctement évalué. Cela n'a aucun sens de tenir immédiatement un pigeon de façon serrée et ferme. Le pigeon sera tendu, ses muscles aussi serré que possible, et il se sentira comme vous tenant un conseil d'administration. Lorsque le pigeon se détend et se repose enfin tranquillement dans votre main alors nous devons essayer d'oublier le monde qui nous entoure et nous concentrer seulement sur ce que nous pouvons sentir à travers le bout de nos doigts. Vous devez apprendre à ressentir avec vos doigts. Avec eux nous pouvons apprendre à sentir la vie sous la peau. Un médecin doit apprendre à diagnostiquer les problèmes et nous les colombophiles nous  devons apprendre comment évaluer les muscles de façon toujours meilleure. Ceci n'est pas facile et exige un maximum de concentration.

 

Nous allons d'abord tenir l'oiseau confortable et équilibré. Nous commençons par une diversion: nous caressons les plumes, et réorganisons l'aile et les plumes de la queue si cela est nécessaire. Puis nous caressons le pigeon. Cela le détend, il devient plus calme et en même temps, nous exerçons la sensibilité de nos pulpes de doigts. Ensuite, nous écartons prudemment les plumes sur le sternum et nous accédons au muscle pectoral. Prudemment, nous déplaçons nos doigts de l'avant vers l'arrière et de l'arrière vers l'avant. Puis nous pressons légèrement, à nouveau avec seulement la pulpe de nos doigts et de nouveau  nous faisons la même chose: de l'avant vers l'arrière et vice versa. Enfin nous déplaçons nos doigts en arrière et en avant , d'abord très délicatement puis avec une certaine pression. Enfin nous avons mettons une forte pression sur la masse musculaire entière avec nos deux mains. Nous faisons cela avec les deux yeux fermés, oubliant tout le reste autour de nous. Cela nous apprendra à sentir correctement avec nos doigts. Le reste, c'est la pratique et encore de la pratique. De la pratique avec de bons pigeons mais aussi avec des pigeons pauvres, avec des pigeons de vitesse et aussi avec des pigeons de demi-fond et, enfin, avec des pigeons de longues distances.

 

Jusqu'à ce que, lorsqu'on vous le demande, vous puissiez dire à quelqu'un que son pigeon ne va pas être bon au-delà de 500 kilomètres et, alors ,dans le fond de la salle vous les entendez murmurer: «Comment sait-il cela ?!"

 

C'est alors que vous êtes devenu un artiste!

Steven van Breemen


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